Construction d'une maison passive et durable en Lorraine
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Six ans après l’installation, il est temps de faire un retour sur certains équipements de la maison. Lors de la conception, en 2012, j’avais fait le choix de m’orienter vers des systèmes simples afin de limiter les pannes et ainsi les dépenses d’entretien.

Aujourd’hui, je vais vous parler de la production d’eau chaude. Pour ce poste, il fallait faire un choix entre un chauffe-eau thermodynamique ou un chauffe-eau solaire. Le thermodynamique avait l’avantage du prix mais le chauffe-eau solaire me séduisait par son mode de fonctionnement : c’est l’énergie solaire qui chauffe votre eau, vous ne faites qu’une transformation directe de l’énergie ! (sans passer par une énergie intermédiaire comme l’électricité).
Le système en soi est simple. D’ailleurs de nombreux amateurs montent eux même leur chauffe-eau solaire : des capteurs solaires (panneaux), une pompe, des tuyaux-vannes, un module de contrôle et un accumulateur (ballon).

Mon installateur m’a proposé du matériel Viessmann : deux panneaux VITOSOL200T (à tubes) et un ballon de 390 litres à appoint électrique (VITOCELL 100-V).
La mise en service a été effectuée en juillet 2012. (Je ferai un autre article en ce qui concerne les performances de ce système)

  • En janvier 2013, la résistance d’appoint ne fonctionne plus. Le réarmement de la « surchauffe » est devenu impossible. En plein hiver, ça veut dire une semaine sans eau chaude. Cette résistance me sera changée sous-garantie.
  • En septembre 2015, cette résistance d’appoint est de nouveau défectueuse. L’eau s’infiltre dans le corps de la résistance et s’accumule dans le boitier extérieur. La protection électrique différentielle se déclenche nous alertant d’un problème. La résistance n’étant plus sous garantie, je dois insister à travers mon installateur pour que cette résistance dont le défaut est flagrant soit pris en charge. Viessmann fera un geste commercial de la moitié de la valeur laissant à ma charge un montant de 235,20 euros.
  • En octobre 2018 (la semaine dernière), le problème réapparait. Je trouve le boitier extérieur de la résistance submergé d’eau. A noter que ces boitiers sont étanches puisqu’ils doivent protéger les composants électriques de l’eau. Les deux derniers boitiers de chez Viessmann se remplissent d’eau de l’intérieur…

Me voilà de nouveau et pour la troisième fois consécutive sans eau chaude pendant plusieurs jours. Quand j’ai évalué la fiabilité d’un chauffe-eau solaire, j’ai pensé aux risques d’avoir un tube qui casse (à cause de la grêle par exemple), à la surchauffe du système et à la dégradation du fluide caloporteur, à la panne de la pompe de circulation… mais je n’ai jamais pensé que la résistance électrique tomberait en panne par trois fois en 6 ans.

J’attends aujourd’hui un retour de mon dépanneur (puisque mon installateur souhaite prendre ses distances) qui aurait dû contacter Viessmann.

J’ai participé il y a quelques semaines à une réunion de futurs propriétaires du nouvel éco-lotissement de Distroff (beau projet dont je vous reparlerai sans doute). J’ai tenté de partagé mon expérience de maître d’ouvrage dans la construction de cette maison tout en répondant aux interrogations des participants. Voici les réflexions que je me suis faites après cette rencontre.

Alors que j’ai rapidement fait le choix de construire un bâtiment passif, au moment du dépot de permis de construire j’aurais pu choisir de faire une maison au standard RT2005. Aujourd’hui, la donne est différente. La RT2012 devient la nouvelle réglementation thermique et le bâtiment que vous allez construire devra répondre aux critères de l’ancien label BBC2005 (avec quelques adaptations par rapport à celui-ci). Si vous vous êtes un peu renseigné, la marche pour la plupart des entreprises/artisans est gi-gan-tesque.

Je lisais récemment que 71% des bâtiments construits selon la RT2005 (en 2007) ne sont pas conformes à cette réglementation, essentiellement parce qu’il n’a pas été réalisée d’étude thermique (obligatoire). Les 2/3 des maisons ayant fait l’objet d’une étude thermique présentent une consommation conventionnelle d’énergie entre 150
et 200 KWh/m².an. La RT2012 vise 50 KWh/m².an (à moduler selon les zones climatiques).

La marche est gigantesque. Non seulement, l’objectif thermique passe de 230-150 kWh/m².an (garde-fou) à 50 kWh/m².an mais on constate en plus qu’en majorité les bâtiments qui ont été construits ne sont pas conformes à la réglementation en vigueur.

Plus encore qu’avec la réglementation thermique 2005, les artisans du bâtiment ne sont plus seulement contraints de répondre à une obligation de moyens mais doivent désormais se soumettre à une obligation de résultats. Bien. Mais le test étanchéité à l’air, principal témoin de la rigueur d’exécution dans ce domaine ne sera pas obligatoire pour tous. Ainsi, le constructeur qui justifie d’une démarche de qualité de l’étanchéité à l’air du bâtiment auprès du ministère en charge de la construction ne devra pas s’y soumettre. J’encourage les futurs maîtres d’ouvrage à ne sélectionner tout d’abord que des constructeurs qui s’engageront contractuellement à atteindre ce résultat.

L’étanchéité à l’air a un impact important sur la consommation de chauffage (fuites) mais elle influe également directement sur le rendement d’une ventilation double-flux. Une bonne étanchéité à l’air ne coûte rien. Elle impose une réflexion sur le système constructif qui permet d’assurer une continuité de l’enveloppe la plus simple possible (sans user de la mousse polyuréthane… ). Et elle impose une mise en oeuvre rigoureuse.

En ce qui concerne le coût des maisons RT2012, on parle d’un surcoût entre 5 et 20 %. Mais par rapport à quoi ? Par rapport au 2/3 des maisons non-conformes à la RT2005 ?
On peut lire sur PassivAct :

la RT2012 permet de choisir entre des bâtiments de mauvaise qualité mais dotés, entre autre, de systèmes actifs de chauffage très efficaces ou des bâtiments performants avec des systèmes de chauffage rudimentaires. Les constructions passives sont proches de cette dernière variante et présentent donc des coûts similaires. Avec cette option, les frais d’installation des systèmes de chauffage sont beaucoup plus faibles, ceux de fonctionnement sont en chute libre, les frais d’entretien sont presque inexistants et ceux de remplacements des matériels vétustes deviennent pratiquement nuls.

Aujourd’hui plus qu’hier, il me semble facile de choisir de construire une maison passive. On est quasiment au même coût de construction avec un concept qui a fait ces preuves. Le choix du constructeur/maitre d’oeuvre en sera simplifié : il faut rechercher l’expérience et la garantie du résultat (certification ou Blower door test par exemple).

Contrôler le coût de construction peut se faire différemment que par le choix de l’objectif de performance thermique. Faire une conception simple sans complexité superflue est plus économe que de vouloir réduire le niveau d’isolation. Une maison « pas-chère », c’est avant tout une maison bien conçue. Construction simple – systèmes simples -sans suréquipement.

En terme d’investissement, construire le bâtiment de demain plutôt que le bâtiment « réglementaire » me semble être le meilleur choix.

Pour terminer, voici un document qui présente une image « qualitative » globale de la construction à l’heure actuelle. Il s’agit d’un rapport publié en juin 2012 par L’Agence Qualité Construction qui met en avant tous les problèmes relevés sur 211 bâtiments basse consommation. Manques de compétences, travail « vite fait », manque de volonté, mauvaise conception, etc… C’est un bon document pour discuter avec votre futur constructeur !

Jaune : Apports solaire et internes / Gris : Besoin en chauffage d'appoint / Ligne bleue : Déperditions totales

Ce dernier week-end d’octobre, nous avons connu des températures négatives. Premier contact donc avec l’air sibérien de l’hiver qui approche alors que nous prenons les commandes de cette maison . A 11h14 aujourd’hui, mon constructeur m’interroge par SMS : « -3°C dehors. Quelle température avez vous ? ». Un oeil sur le thermomètre et je réponds : « Tant que y’a du soleil, c’est un peu facile : 23°C ». Oui, 23 °C dans les pièces de vies, 21,5°C dans les pièces nord, les panneaux solaires sont à 46°C. Seule la batterie de dégivrage de la VMC s’est mise en route pour éviter que l’échangeur thermique ne givre (entre 20 et 200 W de consommation supplémentaire tant que l’air aspiré est négatif).

Ca m’a fait repenser que les canadiens ont tendance à parler de « maison solaire passive » plus que de « maison passive » tout court. Chez nous on parle peut être plus de bioclimatisme mais le mot « solaire » à tendance à rester hors de cette dénomination. Et pourtant il est essentiel ce soleil.

Sur ce bâtiment passif, il a été possible de calculer avec PHPP (en kWh/(m².an) ) :

  • Déperditions thermiques conductives : 34,1
  • Déperditions thermiques aérauliques : 7,1
  • Déperditions thermiques totales : 41,2
  • Apports de chaleur internes : 10,7
  • Apports solaire : 18,5
  • Apports gratuits utilisables : 26,5 (total corrigé par le taux d’utilisation des apports gratuits : 91%)

Pour arriver à un besoin en chauffage : 41,2 – 26,5 = 14,7 kWh/(m².an) ( < 15 cqfd…)

On voit que l’apport solaire est important. Ca veut dire que la conception du bâtiment est essentiel. C’est évidemment vers le sud que doit se trouver la plupart des fenêtres si on veut optimiser la conception. Les contraintes du terrain font que nous avons plus de surface de vitrage à l’est (21,8 m²) qu’au sud (16 m²) et pendant la période de chauffe (de novembre à mars) ce sont bien les fenêtres au sud qui contribuent le plus aux apports solaires. En janvier par exemple, 99 kWh apportés par les vitrages est et 142 kWh par ceux du sud. Mais la construction est faites de bien des contraintes, j’y reviendrai.

C’est plutôt à la mi octobre que nous avons senti la maison se refroidir pour atteindre les 19-20°C. Sans soleil et avec des températures qui variaient entre 2 et 10°C, il semble que nous touchions les limites de notre enveloppe isolante. J’ai même dû brancher l’appoint du CESI.

Une petite remarque : l’inertie de la maison est composée essentiellement de 2 chapes béton de 8 cm (16 tonnes) et du parement en fermacell des murs et cloisons (11 tonnes).  Avec la pratique, je conçois aujourd’hui mieux l’intérêt de cette masse qui lisse la température. J’imagine que la maison se refroidirai beaucoup plus la nuit sans activité et sans soleil. Ici, nous perdons 1°C dans la nuit.

On voit sur l’image ci-dessus que l’appoint de chauffage n’est « statistiquement » pas nécessaire en octobre. La maison « colle » donc aux prévisions. En novembre, les apports solaires diminuent encore et les déperditions augmentent : il vaut se préparer à utiliser l’appoint de chauffage.

NB : A lire également sur le dossier de fiabitat sur le bioclismatisme et cet article sur le bioclimatisme et la rt2012

C’est avec plaisir que je retrouve les clefs de ce blog sans nouvelle publication depuis 2 mois (déjà?).

Le moment était venu de préparer le déménagement dans le « projet » qui est devenu notre maison. Une page se tourne dans notre vie. Et en ce qui nous concerne ici, la « construction d’une maison passive et durable » devient petit à petit « la vie dans une maison passive ». Même s’il nous reste des travaux à achever pour déclarer vraiment une fin de chantier, l’essentiel est là et la maison est habitable (et vous le savez peut être, dans une maison ce n’est jamais fini :) ).

Mais tout d’abord, dressons le bilan qualitatif du chantier et n’ayons pas peur des mots :

la construction est conforme au projet.

Pour être clair, les objectifs sont atteints : réalisation, planning et budget. Félicitations donc aux intervenants !

Mais je ne peux me limiter à ce seul mais néanmoins excellent constat.  Cela a été aussi pour moi une aventure humaine dans laquelle la qualité des acteurs ne se mesure pas seulement au respect d’un contrat. J’ai surtout pu apprécier chez les intervenants de ce projet plusieurs des capacités suivantes (si ce n’est toutes): la curiosité, la disponibilité, la volonté de bien faire, la volonté de servir, le conseil et l’ouverture d’esprit. Et quand ils savent manier, le marteau, la truelle, la scie, la perceuse, le chalumeau, le poste à soudure ou la pince coupante, c’est encore mieux. Je leur formule donc mes plus sincères vœux de succès dans leur entreprise.

Comme je l’écrivais, quelques travaux sont à achever. Vous les verrez sur ce blog. Quand ma disponibilité le permettra, je reviendrai également sur des sujets techniques ou sur la vie dans cette maison passive.

Dans une maison passive, le besoin en énergie pour la production d’eau chaude sanitaire (20kWh/m².an) devient plus important que celui pour le chauffage (15kWh/m².an). Le contrôle de ce poste dans le projet qui veut réduire son impact sur l’environnement est donc essentiel.

D’autre part, dans le cadre de la certification BBC-Effinergie que nous visons (tout comme pour la RT 2012 par ailleurs), il est nécessaire d’utiliser une source d’énergie dite « renouvelable » pour le calcul thermique. Il faut donc choisir dans notre cas entre des solutions avec (mini) pompe à chaleur (eg. ballon thermodynamique, système combiné) ou le Chauffe-Eau Solaire Individuel (CESI).

Economiquement, l’avantage est clairement  au chauffe-eau thermodynamique mais utiliser simplement  l’énergie du soleil me semble aller plus dans le sens de notre projet. (Le CE thermodynamique amène également certaines contraintes : placement de l’échangeur et nuisance sonore en particulier.)

Une fois que le choix de CESI est fait, il reste à le dimensionner. Les avis et les solutions sont multiples et variés. J’arrive à la conclusion qu’il faut compter 25-27  litres d’eau chaude à 60°C par personne et par jour (=33 litres à 50°C : observation du « plan Soleil ». A cela s’ajoute la consommation du lave-linge et du lave-vaiselle (25-30 litres).

Le label BBC-effinergie (Promotelec) cadre également ce dimensionnement à travers la Ves40 qu’on retrouve dans la liste bleu ciel (attention, à partir de 2013 pour la RT2012 mais dès avril 2012 pour le label BBC-Promotelec, il faudra choisir son CESI parmi ceux qui sont « NF CESI »). Dans mon cas (plus de 5 pièces), j’ai besoin d’un CESI avec une Ves40 supérieure ou égale à 450 litres.

Vient ensuite la quantité de capteur installer. En me servant du site de TECSOL, une doc de Viessmann et de PHPP, il semble qu’avec un ballon de 390 litres, 3 panneaux plats de 2,33 m² (7m² total) seraient nécessaires . Ce qui est gênant c’est qu’il n’existe pas de « kit » Viessmann avec 3 panneaux… A suivre.

Dimensionnement Viessmann

Pour vous aider à vous forger une opinion, voici quelques documents intéressants:

 

Notre projet de construction concerne une habitation qui se veut respectueuse de l’environnement et dont la conception a été optimisée afin d’avoir un impact écologique le plus faible possible.

Loin de se limiter à la seule performance énergétique, le bâtiment est considérée dans sa globalité pour que le bilan en énergie grise et dégagement de C02 sur sa durée de vie (jusqu’à la déconstruction) soit pris en compte.

Pour atteindre l’objectif global de cette démarche citoyenne, il a été nécessaire de travailler sur plusieurs objectifs :

  1. Haute performance énergétique
    1. La conception thermique de la maison a comme objectif le standard « Maison Passive » allemand dont les besoins de chauffage s’élèvent à moins de 15 kWh par m² et par an. L’accent est mis sur les apports solaires, l’isolation, l’étanchéité à l’air et récupération de chaleur par le système de ventilation.
    2. Les besoins en eau chaude sanitaire seront couverts en partie par un chauffe-eau solaire.
  2. Maitrise de l’impact sur l’environnement global
    Les matériaux de construction seront choisis pour leur caractère durable, leur bilan carbone négatif et leur faible énergie grise. (Structure principale en bois, isolant en fibre de bois ou ouate de cellulose, etc…).
  3. Maitrise de l’impact sur l’environnement local
    1. Le bâtiment vise également une gestion optimisée des eaux pluviales grâce à des toitures végétalisées : rétention d’eau et évapotranspiration de l’eau de pluie, effet retard pour l’assainissement lors d’orages, remplace les espaces verts construits,
    2. L’eau de pluie sera récupérée afin de préserver nos ressources en eau potable,
    3. Fondations sur Technopieux : pas de modification du biotope, pas de déviation des écoulements, procédé réversible au moment de la déconstruction, permet la mise en place d’une dalle en bois (sans béton),
    4. Chemin d’accès perméable.
  4. Confort et santé
    1. Utilisation de matériaux sains,
    2. Pas de paroi froide grâce au triple vitrage,
    3. Mur perspirant (étanche à l’air mais auto-régulation hygrométrique),
    4. Renouvellement de l’air optimal par une ventilation double  flux à filtres. Les polluants sont évacués (formaldéhyde, solvants, particules en suspension, …) par l’apport d’air neuf filtré.
    5. Séparation du garage et de l’habitation : pas de vapeurs d’hydrocarbures dans le logement.
  5. Utilisation d’énergie renouvelable
    La maison sera approvisionnée en électricité provenant d’énergies renouvelables distribuée par Enercoop.

Seul le travail sur ces cinq cibles fait de cette habitation une construction réellement durable.

La construction sera réalisée à Thionville en Moselle.

A lire (en anglais) sur bruteforcecollaborative.com :

1. Augmenter la SRE (surface de référence énergétique)

2. Garder les surfaces des poteaux intérieurs inférieurs à 0,1 m²

3. Amener les fenêtres jusqu’au niveau du plancher

4. Réduire l’épaisseur des murs extérieurs avec une meilleure isolation

5. Réduire l’épaisseur des murs intérieurs

6. Optimiser la pose des fenêtres (Psi-install)

7. Efficacité de la ventilation

8. Déplacer le lieu de construction

9. Vérifier les ombrages

10. Inertie

Voici quels sont, selon Bertrand Piccard, pilote-explorateur du Solar Impulse, les principaux freins à l’utilisation massive des énergies renouvelables :

Le découragement des gens qui pensent qu’il ne sert à rien de faire quelque chose pour sauver notre planète, et les réticences aux changements. Il existe des solutions, à condition de sortir de notre zone de confort et de ne plus avoir peur de perdre nos habitudes.

(Entretien à lire sur le site de France Soir : Solar Impulse : « Révolutionner la manière dont on utilise l’énergie » )

Si vous êtes sur ce blog, c’est que, comme Bertrand Piccard, vous avez déjà une âme d’aventurier (le tour du Monde en ballon, ça vous tente ?…). Aujourd’hui, chers amis lecteurs-aventuriers, je vous présente le seul distributeur de l’électricité « dufutur » : Enercoop.

Je vois que les plus incrédules d’entre vous haussent un sourcil (ou deux)… Mais comment ? N’avez vous jamais entendu parler de cette électricité dufutur ? Vous me surprenez mais laissez moi vous informer.

Aujourd’hui, vous n’êtes pas sans savoir, qu’on est éclairé grâce à l’électricité « dupassé » : EDF – 80% d’électricité d’origine nucléaire – age moyen des centrales « atomiques », 23 ans – un tiers ont plus de 30 ans…. blahblah… ma perceuse elle marche au nucléaire… Tchernobyl…. mensonge d’Etat…Fukushima…tout va bien, l’atome c’est super… t’inquiètes, on va bien les planquer les déchets… c’est nous les meilleurs… les déchets, quels déchets ?…

L’électricité dufutur d’Enercoop c’est celle qui provient des énergies renouvelables : hydraulique, éolien, photovoltaïque et biogaz. Des énergies vertes ! Mais ce n’est pas tout, et là je les cite :

Au-delà, Enercoop est une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC), dont les bénéfices sont statutairement réinvestis dans l’objet de la structure, à savoir les énergies renouvelables et les économies d’énergie. En choisissant Enercoop, vous soutenez concrètement le développement des énergies renouvelables et participez à un nouveau projet d’appropriation citoyenne et locale du secteur de l’énergie.

Retour au sujet de ce blog ; le concept de « maison passive » est un moyen de diminuer sa consommation énergétique mais il est toujours question de consommation qu’il s’agisse du chauffage d’appoint ou de l’ECS, de l’éclairage ou encore des appareils électriques. Et c’est là qu’Enercoop rentre en jeu. Dernier maillon de la démarche négawatt appliquée au batiment (après la « sobriété », et « l’efficacité ») :  l’utilisation des énergies renouvelables.

Enercoop : vraiment vert ?

Enercoop se démarque des distributeurs d’électricité « verte » qui utilisent le système des « certificats verts ».  Lire l’article du Monde au sujet de cette arnaque : Le mirage de l’électricité « 100 % verte »

Quand un client paie une facture de 100 euros, il croit injecter 100 euros d’électricité verte dans le circuit. Il n’injecte en fait que 2 euros d’énergie renouvelable, soit le prix du certificat. […]

Quand un client paie une facture de 100 euros chez Enercoop, la coopérative achète pour 100 euros d’énergie renouvelable.

C’est clair ?

Les présentations étant faites avec votre futur distributeur de l’électricité dufutur, je me permets de vous orienter vers l’article du blog de cette maison passive dans le tregor qui m’a fait découvrir Enercoop, cet article de Rénovation Passive qui est dans la même démarche négawatt (sauf que je n’ai pas encore construit la maison…), un autre petit billet sur terraeco et enfin une excellente présentation de Michael Herinx.

Alors, chers lecteurs, l’aventure vous tente ? Au fait, c’est sans risque puisque vous pouvez retourner vers l’opérateur historique au tarif règlementé quand vous voulez des fois que l’électricité verte sente pas bon.

Ah oui, et l’électricité « dufutur » est un petit peu plus cher (forcément, elle vient du futur je vous dis !)

PS : les lorrains, je vous attends pour monter notre coopé !

La plate-forme Maison Passive vient de publier le second volet de leur dossier sur les fenêtres pour maison passive.

Même si ce dossier est spécifiquement tourné sur le marché belge, il est très éclairant !

A lire sur maisonpassive.be : Quelles fenêtres pour ma maison passive ?

A savoir que pour les fenêtres, il existe une problématique qui m’est apparu lors de la conception de notre projet.

Les fenêtres influent sur les besoins thermiques du bâtiment de 2 manières : elles vont causer une déperdition thermique, et elles sont également la source d’un apport d’énergie.

  1. Déperdition thermique : les fenêtres font un « trou » dans l’enveloppe thermique du bâtiment. Elles doivent donc être très efficaces thermiquement. A titre de comparaison, le mur d’une maison passive a un U de l’ordre de 0,15~0,10 ; une fenêtre très performante : 0,7. La fenêtre est donc entre 4 et 7 fois moins performante qu’un mur.
    Plusieurs paramètres influent sur la déperdition : la performance du vitrage (Ug), la performance du chassis (Uf), la performance de l’espaceur (Psi esp) et la performance de la pose de la fenêtre caractérisé par le pont thermique d’installation (Psi installation).
  2. Apport d’énergie : La fenêtre va permettre de faire rentrer de l’énergie via le rayonnement solaire. Afin d’optimiser cet apport d’énergie, plusieurs facteurs liés au choix de la fenêtre elle même (si vous laissez vos vitres très sales ou si l’immeuble d’en face vous fait de l’ombre, ça va être compliqué…) sont à prendre en compte :  la surface de vitrage par rapport à l’ouverture dans le mur doit être la plus grande possible (influence de la taille du châssis, présence et taille des traverses/meneaux), et le facteur solaire doit être le plus élevé possible (g=60% sur les meilleurs triple). La position de la fenêtre dans le mur (en profondeur) a également une influence puisque plus la fenêtre est posé vers l’intérieur de la maison, plus il y aura des ombrages.

En théorie donc, on met de grandes baies vitrées sur les murs face au sud.

En pratique… c’est plus compliqué. Plusieurs restrictions/contraintes sont a prendre en compte.

Première limitation, le fabricant. Un triple vitrage performant (facteur solaire de 60%) c’est du 4/18/4/18/4 avec gaz argon. Ca veut dire 3 feuilles de verre de 4mm séparée par un espace de 18mm rempli de gaz argon. Aucun fabricant ne vous fera une baie vitrée de 3m sur 4m avec ce type de vitrage. Elle serait trop fragile. On vous remplace alors au moins une feuille de 4mm par du 6mm. Du coup le facteur solaire dégringole. Même effet si vous passez vos vitrages en Stadip 44.2 (verre de sécurité). Autre contrainte, celle des ouvrants. Chaque fabricant limite le poids et donc la taille des ouvrants.

Deuxième limitation, le menuisier qui va poser les fenêtres. Y’en n’a pas beaucoup qui vont vouloir poser une baie vitrée de 400kg au premier étage ! (limite technique, risque de casse, …) Certains voient également une limite dans la taille des ouvrants ; une grande taille rendrait les réglages difficiles dans le temps.

En pratique donc, il faut un savant mélange de tâtonnement et/ou d’expérience pour placer/dimensionner ses menuiseries dans un projet. Réduire une baie pour pouvoir y mettre un vitrage à fort facteur solaire ou rajouter un meneau ?

Par exemple : En Internorm, une baie vitrée (fixe Edition) en 2,4m x 1,55m en facteur solaire 0,5 est égale (dans le bilan thermique) à une baie de 2,4m x 1,25m en facteur solaire 0,6 (la limite de hauteur en vitrage solar se situe entre 1,2m et 1,55m sur cette baie, je n’ai pas encore la réponse…). Que faire alors ? A bilan thermique égal, ce sont les besoins de lumière, le prix ou les contraintes du bâtiment qui devraient guider votre choix.

Pour l’apprenti concepteur, le Uw de la fenêtre n’est pas un élément comparatif suffisant. Contraintes du fabricant, de l’installateur, du bâtiment, la problématique des menuiseries est complexe pour celui qui veut les optimiser.

Comme le souligne le rédacteur du blog de la maison Kokoon dans ce billet, la solution serait-elle de moins tenir compte des apports solaires dans la conception d’une maison passive ?

Je pense pour ma part que ça vaut le coût d’optimiser… sinon c’est pas drôle :)

kW, kWh… on a vite fait de s’emmêler les pinceaux avec les unités. Essayons d’y voir plus clair…

L’énergie est un concept créé pour quantifier les interactions entre des phénomènes très différents ; c’est un peu une monnaie d’échange commune entre les phénomènes physiques. Ces échanges sont contrôlés par les lois et principes de la thermodynamique. L’unité de l’énergie définie par le Bureau international des poids et mesures (BIPM) dans le système international (SI) est le joule.

Le watt (symbole W) est l’unité pour définir la puissance. La puissance est la quantité d’énergie par unité de temps fournie par un système à un autre.

Un watt est la puissance d’un système énergétique dans lequel une énergie de 1 joule est transférée uniformément pendant 1 seconde

Le kilowatt-heure (symbole kW·h ou kWh) est une autre unité de mesure d’énergie.

Un kilowatt-heure correspond à l’énergie consommée par un appareil de 1 000 watts (1 kW) de puissance pendant une durée d’une heure. [ Donc 1kWh= 3,6 mégajoules (MJ) ]

Facile !

Donc, pour une maison passive de 100m², le besoin maximum en énergie annuel est de 15kWh x 100 = 1500kWh. Pour obtenir cette quantité d’énergie il faudrait faire tourner un radiateur de 2000W pendant 750 heures ou 31 jours (sur l’année).

Pour 200m², doubler une des valeurs de l’équation (2 radiateurs ou 62 jours…)

Et pour l’année : à 0,095 € TTC le kWh d’électricité (tarif bleu EDF 6kVA), il vous en coutera 143 € pour une maison de 100m² chauffée avec le radiateur ci-dessus et 286 € pour 200m² (hors abonnement).

 

D’après wikipedia :

L’habitat passif est une notion désignant un bâtiment dont la consommation énergétique au m² est très basse, voire entièrement compensée par les apports solaires ou par les calories émises par les apports internes (matériel électrique et habitants).

mais aussi :

La conception d’un habitat passif se base sur six grands principes :

  1. Isolation thermique renforcée, fenêtres de grande qualité,
  2. Suppression des ponts thermiques,
  3. Excellente étanchéité à l’air,
  4. Ventilation double flux (avec récupération de chaleur),
  5. Captation optimale, mais passive de l’énergie solaire et des calories du sol,
  6. Limitation des consommations d’énergie des appareils ménagers.

et enfin :

Trois critères définissent une maison passive ont été établis comme suit :

  1. Besoins en énergie de chauffage < 15 kWh/(m².an).
  2. étanchéité à l’air : test de la porte (blower door). n50 < 0,6 h-1.
  3. Consommation totale d’énergie de la maison < 120 kWh/(m2.an) d’énergie primaire. Le besoin en énergie finale ne doit pas dépasser 50 kWh/m²/an.

Cet ensemble de principes résument bien le concept de « maison passive ». Le besoin en chauffage peut aussi être défini par un besoin de puissance utile (ou puissance instantanée) de 10W/m² qui permet alors de chauffer la maison par la VMC si celle-ci est adaptée.

Pour aller plus loin, vous pouvez bien sur lire l’article complet sur Wikipédia mais aussi cet excellent dossier sur Fiabitat ou ces autres pages sur Ekopedia et lamaisonpassive.fr.

Par ailleurs, en France, on fait référence à une maison BEPAS pour Bâtiment à Energie PASsive.

Contenu cité soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Habitat passif de Wikipédia en français (auteurs)

A l’origine du projet, il n’y avait qu’un besoin de plus de surface habitable. N’ayant pas d’expérience dans la construction de maison individuelle mais d’un naturel curieux, je me suis renseigné sur ce domaine.

Il m’a semblé indispensable tout d’abord de faire une maison économe en énergie. La démarche « négaWatt » représente plutôt bien ce concept qu’on peut également  appliquer à une maison.

Difficile de dire aujourd’hui où j’ai découvert le concept de la « maison passive », sans doute après des recherches sur les Bâtiments Basse Consommation (BBC). Les définitions/explications de la maison passive sont  nombreuses sur internet.

Des amis ont construit en ossature bois une maison bioclimatique avec des matériaux écologiques. Ils m’ont orienté vers l’isolation thermique écologique de Jean-Pierre Oliva et Samuel Courgey qui est un ouvrage de référence pour un amateur curieux comme moi. L’ouvrage est très complet et permet de maitriser le sujet de l’isolation (et bien plus) sans avoir à rouvrir ses cours de thermodynamique. Il ajoute aussi la dimension de « maison saine » grâce à l’utilisation de matériaux sans effet sur la santé. On y aborde aussi le bioclimatisme (objet d’un autre livre du même auteur).

Petit à petit les objectifs suivants apparaissent :

  • nous voulons un nouvel espace (sain et confortable),
  • nous voulons réduire notre impact sur l’environnement (consommation et énergie grise),
  • Nous voulons une construction raisonnable (écolo-économiquement).

L’essentiel de ces objectifs pourrait peut-être être réduit à la construction d’une maison passive, saine et raisonnable.

Comme pour tout projet, certains arbitrages devront être faits. On ne peut pas aller dans le tout écolo et on ne veut pas aller vers les solutions faciles parce que « ça fait 30 ans que ça marche ! ». C’est donc avec cet œil critique que nous allons construire à la découverte de ce qui marche…ou pas.

 

Après avoir passé quelques mois à réfléchir sur un projet de construction de maison passive, j’ai pensé ouvrir cet espace afin de compiler les informations que j’ai pu rassembler. Il servira également à suivre la construction que nous allons démarrer.

J’ai choisi de le nommer 15kWh.fr pour faire référence à un des objectifs d’une maison passive (standard allemand « passivhaus ») : un besoin de chauffage annuel de 15kwh par m² (j’aurai l’occasion d’y revenir !) .

 

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